J’habite à La Morte : un petit village-station des Alpes aux portes de l’Oisans bien plus sympathique que son nom ne le laisse croire.
Plus connue sous son nom touristique de « L’Alpe du Grand Serre », c’est la plus grande des petites stations de ski, avec 55 km de pistes.

Astrid : chevrière l'été, pershwoman l'hiver !
Constat :
Ici le réchauffement climatique est une réalité très simple : l’enneigement baisse, le nombre de touristes avec, et depuis 10 ans le spectre de la fermeture fait «booouuuuuuuuh ».
Initialement j’avais plutôt tendance à me dire que tant pis, c’est l’occasion de rendre un peu d’espace à la nature. Sauf que la station génère 200 emplois sur le village et sa vallée : moniteurs, pisteurs, loueurs, perchmans, hébergeurs,… . En cas de fermeture, sur les 24 élèves de l’école du village où j’ai mes 3 enfants, plus de la moitié ont un parent qui perdrait son emploi. C’est des départs de famille, les 2 restaurants qui ferment, et le commerce de proximité avec.
Dans le même temps, l’attrait pour la montagne l’été explose : dès juillet il fait plus de 40°C à Grenoble, alors que chez nous il en fait 25°C. C’est comme la Bretagne, mais en mieux. Quand une maison est mise en vente, elle trouve en moins de deux semaines un acheteur qui s’offre un coin de fraicheur. Sauf que ce tourisme d’été génère très peu d’emplois.
Mobilisation :
Alors avec quelques copains du village, on a créé le collectif « La Morte Vivante » avec le but de fédérer les habitants autour d’un projet d’investissement porté par la communauté de communes sur un « Telemix ». C’est une grosse remontée mécanique modulable selon les saisons qui peut avoir à la fois des télésièges en hiver mais aussi des cabines. Remplaçant 2 télésièges vieillissants, cet équipement à près de 24 M€ permettrait de remonter le front de neige et de continuer l’activité ski quelques années, mais surtout de faire le relai vers un tourisme 4 saisons en permettant un accès à tous à un refuge d’altitude, via ferrata… Le projet est en ballotage depuis près de 3 ans, ayant du mal à boucler son budget public-privé. Après un vote de fermeture le 4 octobre dernier, nous avons levé 100 000€ de dons de particulier et autant de la part d’entreprises. Ça a permis de s’offrir un sursis d’un an, et de remettre les financeurs autour de la table.
En attendant, qu’une issue financière soit trouvée, « la Morte Vivante » s’est transformée en association et s’est donné de nouvelles ambitions. On a repris un magasin de location de ski qui en avait fermé pour en faire un tiers-lieu, qui accueille un café associatif, un espace de coworking d’où j’écris ces lignes, et un espace bien-être où 10 praticiens développent leur activité : massages, ostéopathie, kiné, psychologue, …. Pour le moment tout est géré sur un WordPress, mais on pense fort à Odoo.
